نوع مقاله : مقاله پژوهشی
نویسندگان
1 استادیار زبان فرانسه دانشگاه اصفهان
2 دانشجوی دکتری ادبیات فرانسه دانشگاه تهران
چکیده
از نظر متخصصین آموزش زبان، تسلّط بر زبان زمانی حاصل میشود که زبانآموز به دورنمایی از فرهنگ آن ملّت دست یابد. انتخاب یک اثر ادبی برگزیده میتواند بستر مناسبی را برای زبانآموز، جهت دستیابی به توانش زبانی و فرهنگی فراهم سازد. گلیسون فرهنگ را به دو دستة نخبهگرا و روزمرّه تقسیم میکند که خود به زیر مجموعههایی مانند جغرافیا، تاریخ، واژگان فرهنگی و غیره دستهبندی میشوند. در این پژوهش با تکیه بر سرخ و سیاه، به عنوان نمونهای فرهنگی، اهمیت یک متن ادبی را در آموزش فرهنگ زبان خارجی به زبانآموزان سطح متوسط و پیشرفته نشان خواهیم داد. در بخش دیگر نیز به طرحی آزمایشی در این راستا، با جامعة آماری هشت نفر، شامل دانشجویان نیم سال چهارم کارشناسی زبان و ادبیات فرانسة دانشگاه اصفهان میپردازیم.
کلیدواژهها
عنوان مقاله [English]
Teaching Target Language Culture through Literary Texts
چکیده [English]
The specialists of teaching consider the culture as an important element in learning of foreign language and the linguistic mastery appear when learner gains a cultural perspective of a society. The selection of a literary work can provide a suitable situation for learners in order to gain at the same time, the cultural and linguistic competences. According to Galisson, culture is divided into two category; elite culture and everyday culture. Each of these presents the different aspects, such as geography, History, traditions, cultural vocabulary, etc. In this article, we learn on the Stendhal's masterpiece, Le Rouge et le Noir, as a cultural example. This literal text presents these aspects and teaches well the French culture to learners of high degrees. The other part of this research presents an experimental analysis, applied on eight students of fourth semester of French language and literature degree in university of Isfahan.
کلیدواژهها [English]
- Cultural competence
- Linguistic competence
- literature
- Galisson
- Le Rouge et le Noir
Introduction
Depuis la deuxième moitié de XIXe siècle, les linguistes et les spécialistes ont nommé la culture comme un élément essentiel à aborder dans le processus de l'apprentissage, si bien que presque dans toutes les méthodes pédagogiques, l'enseignement de la culture occupe une place prépondérante et elle est mise en relief. Chercher un moyen satisfaisant pour la présentation de la culture aux apprenants de langue est un des soucis des spécialistes en pédagogie des langues. Les recherches ont montré que la littérature et le texte littéraire sont considérés comme les éléments pertinents de transfert et de transmission des aspects culturels d'une langue et d'un pays. Un texte littéraire présente la langue en contexte et la lecture d'un tel texte entraîne à la fois la compétence culturelle et linguistique, ce qui s'avère être un bon terrain pour l'étude de la culture d'une langue. Galisson, dans sa théorie parle des éléments culturels essentiels que l'apprenant doit acquérir pendant l'apprentissage de langue, ici le français; les informations sur la littérature, l'Histoire, la géographie, le comportement des gens, la religion et la lexiculture. Il a divisé ces éléments sous forme d'une dichotomie culturelle, la culture-vision et la culture-action.
Il est certain que pour prouver si vraiment ce traitement d'information culturelle à travers le texte littéraire serait un moyen efficace, nous avons besoin d'une série de tests et d'enquêtes sur le terrain et sur un groupe d'effectifs et de témoins, suivant laquelle travailler sur un texte littéraire pourrait servir comme source d'études culturelles.
Au cours de cette recherche, nous allons en premier lieu, préciser le rôle d'un enseignement visant la culture, pendant le processus d'apprentissage d'une LE au niveau avancé et exprimer d'une façon détaillée comment le texte littéraire peut être un bon outil pour prendre une image concrète de la culture étrangère ou en d'autres termes quelles caractéristiques et quels points particuliers du texte littéraire nous conduisent vers une étude littéraire afin de mieux apprendre la langue-culture. Nous procéderons ensuite à l'examen des éléments culturels relevés du chef-d'œuvre stendhalien, Le Rouge et le Noir, qui est un réservoir d'aspects culturels, présente un langage cultivé et les divise en plusieurs sous-catégories, selon la théorie galissonienne; de cette manière, nous pourrons prouver le mérite culturel de cette œuvre pour la proposer aux apprenants de niveaux intermédiaire et avancé du FLE des instituts, les étudiants de l'université et même aux enseignants, comme un manuel complet de tous les points de vue dans le domaine d'apprentissage de la langue française et de sa propre culture.
Cette étude est réalisée afin de découvrir la réponse aux deux questions principales: Quels sont les éléments typiques dans Le Rouge et le Noir, choisi comme exemple culturel? Répondre à cette question nous permet de répondre à cette question qui est la suivante: comment peut-on présenter un point culturel à l'apprenant?
1. Rôle de la culture en FLE
La langue et la culture sont deux éléments inséparables, aucune ne peut être acquise sans l'autre. Galisson propose l'expression langue-culture, montrant la relation étroite entre ces deux éléments. Autrement dit, de ce point de vue, « il y a un jeu de symbiose entre la langue et la culture » (Galisson, 1991: 119). Il faut donc dire qu'en didactique de LE, ce ne sont pas seulement la grammaire, la syntaxe et le vocabulaire qui doivent être enseignés aux apprenants, mais donner une perspective générale sur la culture de la langue étrangère est un fait nécessaire pour percevoir les points cachés de la langue. Pour nous justifier, utilisons le terme spécifique lexiculture, de Galisson qui représente l'intégration du vocabulaire et de la culture. En général, chaque mot a une double facette; « l'explication sémantique relevant de la compétence linguistique, ainsi que l'explication pragmatique relevant de son usage » (Zojac, 2008: 590). Alors, à côté de la présentation de la signification conventionnelle du terme, il faut aussi donner aux apprenants les différentes valeurs que le terme prend dans divers contextes et cela ne se déroule qu'à l'aide des points culturels de la langue.
Il y a de multiples manières pour définir la notion de culture; Edward Tylor, l'anthropologue anglais, présente une définition complète de la culture; « la culture est un ensemble complexe des croyances, des coutumes, des arts, des éthiques et en général tous les comportements et les habitudes qu'une personne prend de sa société » (Tylor, 1871: 180). De même le Cadre Européen Commun de Référence (CECR) a affirmé le rôle indéniable de la culture en la définissant « la connaissance factuelle du ou des pays dans lesquels la langue en cours d'apprentissage est parlée, est de première importance pour l'apprenant. Cela recouvre les principales données géographiques, démographiques, économiques et politiques » (Conseil de l'Europe, 2005: 82). C'est pour cette raison que l'apprenant, en améliorant ses compétences langagières et grammaticales, doit essayer d'adopter une vue générale sur les aspects culturels.
Il existe cependant un débat parmi les pédagogues, afin de trouver un moyen efficace pour enseigner la culture; la littérature et le texte littéraire préconisent pour l'apprenant une situation pertinente permettant la prise de connaissance avec les points culturels.
Nombre de chercheurs et de théoriciens en didactique des langues étudient les théories d'enseignement et de culture. Ces théories ont toutes un principal objectif en commun, mais les éléments abordés dans chacune, les distinguent des autres. Cette recherche a en vue d'appliquer la théorie de Galisson à un texte littéraire et de voir si l'enseignement de la culture d'une langue est abordable à partir d'un texte littéraire ou non. Pour ce faire, nous avons décidé d'étudier les aspects culturels de la langue à apprendre et d'essayer d'appliquer cette théorie sur un roman choisi comme exemple. Rappelons que la littérature d'un pays est comme un écran qui montre sa culture sous forme de récit, précisant tous les détails. Le texte littéraire a apporté un grand nombre d'avantages pour les apprenants de LE; « la littérature est un support privilégié de formation humaniste puisqu'elle ouvre sur toutes les dimensions de l'humain » (Cervera, 2009: 46). D'après elle, le texte littéraire présente à l'apprenant, un grand ensemble de mots contextualisés donnant aux apprenants une image concrète du sens des mots dans divers contextes et entraînant une amélioration conversationnelle, chez eux. Il existe une caractéristique spéciale que nous ne trouvons que dans un texte littéraire; l'étude d'une nouvelle ou d'un roman peut suggérer le sens éthique et esthétique chez l'apprenant et « contribue à former la sensibilité artistique des personnes » (Ibid.: 48) et lui fait connaître les expressions et les différentes formes littéraires, ainsi son écriture, généralement et sa composition en particulier, en langue étrangère se développent et dès le début de l'apprentissage, le texte littéraire donne aux apprenants des moyens de production de textes.
Enfin autre avantage, c'est que la fiction relevant du texte littéraire amène le lecteur dans un univers irréel et imaginaire. De cette façon, à travers la lecture littéraire, l'apprenant peut intérioriser plus facilement les points culturels de la langue étrangère.
Précisons que d’une manière générale, la pédagogie littéraire consiste à introduire une nouvelle méthode dans la didactique de LE, de modérer la sévérité dominante dans le cours de langue, de contextualiser les aspects langagiers et d'enseigner le savoir-être, c'est-à-dire la capacité d'ouverture d’esprit dans la société étrangère. Ce sera donc par le biais des connaissances internes sur la société en question que de nouveaux horizons s'ouvrent aux apprenants et ils se familiarisent avec la culture des différentes ethnies. Le texte littéraire est alors une source enrichie pour former l'apprenant du point de vue linguistique et extralinguistique. Alors, « ce sont les textes littéraires qui font qu'une langue soit vivante » (Verrier, 1994: 159).
Sont nombreux les romans qui méritent d'être approfondis du point de vue culturel; par exemple, les Fables de La Fontaine, Madame Bovary de Flaubert, les Thibault de Martin du Gard, les Misérables de Hugo, etc. Le roman stendhalien, comme un exemple culturel, manifeste plus ou moins certaines dimensions culturelles tout en fournissant à l'apprenant l'occasion de connaître une œuvre réaliste. Dans toutes les pages de cet ouvrage, l'apprenant-lecteur peut découvrir au moins, un point de la culture française. Ce roman stendhalien permet à l’individu d’apprendre à la fois la culture et la morale. Il dessine la vie parisienne et la vie en province d'une manière habile. En outre sa langue bien structurée, présente un grand nombre de proverbes et d'expressions.
La définition de R. H. Lowi, l'anthropologue américain, justifie notre choix basé sur un roman des siècles précédents, ici de XIXe siècle; « la culture est un ensemble qui n'est pas le résultat des activités et des découvertes de la personne d'aujourd'hui, mais c'est le patrimoine des générations précédentes » (Rouh-al-Amini, 1993: 18). Porcher mentionne également l'importance de la culture ancienne dans la maîtrise de la culture quotidienne; « les enracinements historiques d'une culture, ses persistances transmises, ses héritages sont évidemment essentiels à sa compréhension » (Porcher, 1994: 10).
Profiter d'un roman, en parallèle à la méthode langagière, peut se dérouler de deux manières; étude complète ou des extraits du roman; l'apprenant aux niveaux supérieurs ou les étudiants se concentrent ainsi mieux sur les points importants du texte. Par exemple Le Rouge et le Noir est un mélange des phrases simples et dans ce cas c'est le rôle de l'enseignant de choisir les parties les mieux adaptées à son cours.
2. Théorie de Galisson
Les expressions Lexiculture, langue-culture et CCP[1], présentées par Galisson, le leximéthodologue français, manifestent la nécessité de l'enseignement de la culture aux apprenants dans l'objectif de mieux connaître la langue étrangère.
Afin de bien préciser la culture, Galisson a présenté une catégorie divisée en deux parties; la culture-vision (la culture savante et plus intellectuelle) et la
culture-action (la culture courante et comportementale).
En ce qui concerne la culture-vision, il faut préciser que les discours et les savoirs de cette culture sont produits de façon complémentaire par « la sociologie, l'anthropologie culturelle, la sémiologie culturelle, la littérature, l'Histoire, la géographie, etc. » (Galisson et Puren, 2001: 106).
La culture-action aide l'apprenant à apprendre le savoir-faire et le savoir-être, car elle donne des informations sur les habitudes d'une société. "Le comportement des gens (les coutumes et les croyances) et la lexiculture (les expressions et les mots exceptionnels de la langue)" (Ibid.: 107) sont les éléments abordés dans cette catégorie. En ce qui concerne l'autre point remarquable de la culture, il faut dire que Galisson ne parle pas directement de l'aspect Religion, mais la théorie de Porcher et de CECR, le met en relief sous la catégorie de la culture contemporaine. La religion d'un pays est un élément qui a toujours préoccupé les gens.
Dans le domaine de la culture-vision, c'est plutôt l'esprit qui est occupé. Dans l'apprentissage des éléments considérés comme les éléments essentiels de la culture, selon Galisson, le formateur vise à rehausser l’esprit de l’apprenant en lui présentant les images historiques et littéraires de la société étrangère; cela entraîne la progression de l'apprenant, non seulement dans l'acquisition de la culture cible, mais dans sa propre culture.
Autre catégorie citée par Galisson, la culture-action, est présentée comme un type culturel qui touche le corps et les gestuelles[2] d'un homme et cette catégorie comprend les aspects ordinaires de la société nés des faits populaires, alors Galisson les considère comme les éléments secondaires de la culture, apparaissant au cœur de la culture-vision. D'après ce qui est dit, il existe une opposition entre les deux, mais Galisson a affirmé que « la vision et l'action, l'esprit et le corps ne sont pas opposés, mais complémentaires » (Galisson, 2000: 68). Malgré cette différence, il faut affirmer que la culture-vision et la culture-action prennent leur propre valeur, quand elles apparaissent simultanément au cours d'apprentissage.
Dans ce domaine Galisson distingue la dichotomie culture-vision et culture-action, sous un titre différent; « la cultivée (plus intellectuelle) et la culturelle (la culture comportementale) » (Collès, 2007: 64). Comme la culture-vision est une image savante, abordant le domaine technique et la cultivée comprend ce qui est hors de la quotidienneté de la société étrangère, la culture-action enseigne le savoir-faire et le savoir-être à l'apprenant et la culturelle présente l'ethnologie et l'anthropologie. Nous pouvons alors conclure que la cultivé, c'est la culture-vision-même et la culturelle, c'est la culture-action-même.
Les points cultivés et les éléments comportementaux ci-dessus présentés par Galisson sont nombreux dans le texte de Le Rouge et le Noir. Dans cet article, nous avons pour objectif de chercher les aspects culturels de ce roman et son influence sur la didactique de langue, comme un exemple culturel parmi un grand nombre de romans culturels, suivant la théorie de Galisson et d'en donner quelques exemples afin d'étayer le sujet.
3. Méthodologie
Pour concrétiser l'efficacité de l'enseignement de la culture en FLE au moyen d'un texte littéraire, nous avons constitué deux groupes : pour le premier groupe de huit étudiants de quatrième semestre en licence de littérature française de l'université d'Ispahan, nous avons organisé un programme de dix jours, et pour le deuxième groupe, comprenant les douze autres étudiants de cette classe, suivant le cours ordinaire de la classe.
Pendant cette période nous avons proposé quelques extraits de Le Rouge et le Noir aux étudiants du premier groupe. Chaque extrait portait un point culturel nouveau, les traditions françaises, événements historiques, etc. À chaque séance, nous avons d'abord demandé aux étudiants de lire le texte, ensuite de relever les éléments qui méritaient d'être précisés en cour du FLE. Le résultat issu de la première séance était semblable à ce que nous avions estimé; les huit étudiants ont seulement relevé des points grammaticaux et le vocabulaire. Ils n'ont fait aucune attention au message culturel caché dans le texte. Le premier résultat acquis dévoile donc l'indifférence des étudiants par rapport à l'aspect culturel d'un texte. On commence alors à les sensibiliser aux informations culturelles du texte. Dans les séances d'après, les étudiants-mêmes ont pensé à relever les points culturels et dans les deux dernières séances, l'étude devenue plus détaillée, ils cherchaient la valeur culturelle de chaque expression ou mot.
Les extraits parlaient de géographie, d'Histoire, de coutumes françaises et parfois de proverbes. Cela conduisait à la richesse langagière et culturelle des étudiants et cette idée est justifiée quand nous avons évalué les deux groupes en même temps.
L'évaluation est composée de deux parties; premièrement nous leur avons donné deux extraits choisis du roman de Madame Bovary et de Les Thibault et nous leur avons demandé de parler en quelques lignesbrièvement sur ces textes. Les résultats obtenus de deux groupes étaient presque identiques, mais les huit étudiants, qui avaient travaillé sur la culture, bénéficiaient d'un point de vu plus précis et en parlaient plus clairement. La première conclusion tirée est que la compréhension écrite et la production orale des étudiants choisis étaient meilleurs et ils étaient inconsciemment plus sensibles aux phrases et aux mots.
En ce qui concerne la deuxième partie de l'évaluation, il s'agissait d'un examen de composition, ayant comme sujet "un jour en France"; nous avons demandé aux étudiants d'expliquer ce qu'ils veulent faire, rencontrer, acheter, voire manger en France. Encore cette fois, c'étaient les huit étudiants formés qui pouvaient décrire la nature, présenter le nom des villes, des monuments historiques, manifester leur intérêt pour participer aux cérémonies traditionnelles, etc. Cela prouve la nécessité d’apprendre la culture en LE, à côté des points langagiers.
Selon Annie Camenisch, qui avait fait presque la même expérience, en s'appuyant sur les Fables de La Fontaine, le but principal est la familiarisation des élèves avec les conditions dominantes de l'époque de production des textes. Elle a insisté sur l'influence de cette connaissance sur l'apprentissage langagier d'une LE sur le plan lexical aussi bien que thématique.
« La Fable, récit bref et vivant, se présente comme un texte très dynamique, puisqu’elle articule dans un projet argumentatif divers modes d’énonciation: une narration distanciée, un dialogue impliqué et une morale adressée. Elle paraît abordable pour le lecteur, (…) non seulement au plan du lexique mais aussi des thématiques sous-jacentes et des référents culturels » (Dardaillon et Meunier, 2008: 124).
4. Exemples d'aspects culturels (par exemple Le Rouge et le Noir)
La présentation d'un ensemble culturel aux apprenants de LE n'est pas suffisante c’est un apprentissage superficiel, c'est le rôle d'enseignant qui doit profiter d'un moyen efficace, entrainant l'acquisition culturelle; tout point de culture peut être accompagné d'une courte explication, précisant sa charge culturelle: selon le type de point, l'enseignant peut aussi donner quelques exercices à l'apprenant, cela le met au cœur de la culture étrangère ainsi il peut acquérir les aspects culturels d'une manière pratique.
4.1. Culture-vision
Cette catégorie comprend plusieurs dimensions culturelles, parmi lesquelles les points littéraires, géographiques et historiques sont les éléments culturels les plus fréquents dans le roman stendhalien.
4.1.1. Géographie
Bien que les informations géographiques ne représentent pas apparemment la culture d'une société, mais selon Galisson dans le domaine de la didactique des langues, c'est ce qui conduit à la connaissance de l'apprenant, voire la familiarisation avec les noms des villes, des montagnes, des rivières, des grandes avenues, même des petits villages, c'est la culture-même;
« La colline à une centaine de pieds au-dessus du cours du Doubs. Elle doit à cette admirable position, une des vues les plus pittoresques de France. » (Stendhal, 2000: 50) Doubs est une rivière française qui crée une bonne terrasse.
« Dans une petite ville de l'Aveyron ou des Pyrénées, (…) » (Ibid.: 88) « Je te croyais établi aux environs de Lyon (…) dans une délicieuse vallée près du Rhône? » (Ibid.: 323) « Kehl, c'est un bourg sur le bord du Rhin. » (Ibid.: 521) Ces trois citations du roman révèlent au lecteur, nom des villes françaises; Aveyron, Lyon et Kehl. La chaîne de montagne de Pyrénées, est un autre point géographique, considérée comme les montagnes les plus importantes et le Rhône et le Rhin les rivières très connues en France.
Au fur et à mesure que l'apprenant lit le texte, il voyage à l’intérieur de différentes villes, provinces et régions françaises, comme Verrière, Dijon, Bourgogne, Bordeaux, Beaujolais, Genlis, Besançon, Strasbourg, etc. et selon les descriptions de l'auteur, il peut imaginer leur situation géographique.
4.1.2. Littérature
Depuis plusieurs siècles, la littérature assume la plus grande charge culturelle d'un pays. Elle comprend la culture, valorisée dans l'Histoire littéraire d'une nation, présentant les courants et les changements littéraires en même temps que politiques, sociaux, les écrivains et leur style, etc. « La littérature est le noyau essentiel de la culture, c'est-à-dire l'aspect humain de la civilisation » (Bo et Li, 2007: 154).
Dans le texte de Le Rouge et le Noir, Stendhal cite le nom des grands écrivains comme Voltaire, Rousseau, Saint-Simon, Madame de Staël, Mérimée, La Fontaine etc. qui ont influencé la littérature française d'une façon remarquable et les écrivains des pièces tels Corneille et De Lavigne. De même, l'existence du nom de plusieurs ouvrages littéraires et historiques a donné une caractéristique spécifique à ce roman, aidant l'apprenant à développer sa connaissance sur la littérature du pays étranger; Médée de Corneille, les Confessions et la Nouvelle Héloïse de Rousseau, la princesse de Babylon de Voltaire, Manon Lescaut de l'abbé Prévost, l'Histoire de France, écrit par Vély, le grand historien français et plusieurs autres œuvres littéraires.
Stendhal ne se contente pas de citer simplement les noms des écrivains et leurs ouvrages; il s'est aussi servi de l'intertextualité, c'est-à-dire l'intégration de son propre texte et des phrases et des vers d'autres auteurs et poètes dans son œuvre. Cela permet aux apprenants de connaître les autres œuvres à travers une œuvre; les exemples qui suivent, sont quelques-uns parmi tous d'autres que nous avons retirés de notre roman d'appui;
Les Fables de La Fontaine: « c'est le corbeau qui a la sottise de laisser tomber son fromage, que prend le renard, qui était un flatteur » (Stendhal, 2000: 217).
Un extrait de pièce de Tartuffe de Molière: « Je puis croire ces mots, un artifice honnête (…) Je ne me firai point à des propos si doux. Qu'un peu de ses faveurs, après quoi je soupire. Ne vienne m'assurer tout ce qu'ils m'ont pu dire » (Tartuffe, acte IV, scène V; Stendhal, 2000: 439).
L'apparition des textes choisis des autres œuvres dans Le Rouge et le Noir serait un sujet de la composition des apprenants avancés du FLE. De même le formateur peut leur demander de continuer la partie coupée, d'après leur imagination. Ces exercices améliorent d'une part l'expression écrite des apprenants et d'autre part, ils fixent le thème, le nom d'écrivain et son œuvre dans leur mémoire, involontairement.
4.1.3. Histoire
Histoire, c'est l'origine d'un pays. Sa valeur et son authenticité dépendent de son ancienneté. Les affaires routinières et la quotidienneté dans la société d'aujourd'hui, reposent sur l'Histoire d'un pays, donc la culture contemporaine est le patrimoine des siècles précédents. Stendhal a beaucoup abordé les événements politiques historiques de la France.
En lisant le roman, l'apprenant-lecteur rencontre les personnages politiques, tels Louis XI, Louis XV, Louis XVI, Henri III, Napoléon Bonaparte, etc. les rois de France et les grands ministres tels, Mirabeau, Robespierre, Richelieu, Roland, etc. dont les démarches ont beaucoup influencé la politique surtout la Révolution française.
Il fait connaissance également avec les guerres civiles et internationales comme Waterloo, la bataille dirigée par Napoléon, les Croisades et la bataille de Fontenoy. Les résidences impériales des rois pendant l'Histoire comme, les Tuileries, le Palais-Royal et l'hôtel de Soissons, sont présentés dans cette œuvre. Les dates importantes pour la France, comme 1789, 1792, 1794, 1814, 1830, etc. sont vues dans cette œuvre avec leur signification.
Enfin, un autre élément qui informe le lecteur sur l'Histoire française, c'est la hiérarchie sociale et les rangs politiques; maréchal, général, comte, vicomte, baron, duc et marquis, « l'un des plus grands seigneurs de France » (Stendhal, 2000: 330).
Les Thibault est une fresque vivante des événements politiques et de la Première Guerre Mondiale, faisant connaître aux apprenants le nom des grands journaux politiques français de l'époque: Le bonnet rouge, Libertaire, Le matin, La révolte, etc.
Nous pouvons aussi faire allusion aux Fables de La Fontaine, manifestant l'état politique et la manière des rois au XVIIe siècle; « La cigale et la fourmi, La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, Le corbeau et le renard, Le lièvre et la tortue se font alors l’écho de pratiques antérieures, scolaires ou familiales, ces références faisant partie intégrante d’un fond culturel partagé transmis dans et hors l’école » (Dardaillon et Meunier, 2008: 124).
4.2. Culture-action
Quant à la culture-action, il s'agit de ce qui se déroule dans la vie courante des membres d'une société et elle est « la culture concrète de pratique qui relève du savoir-faire, du
savoir-être et en général, du comportement et de sensibilité. » (Galisson et Puren 2001: 107) Les coutumes et les croyances, c'est-à-dire l'aspect anthropologique d'une culture, la religion et la lexiculture peuvent être présentées sous la catégorie de ce type de culture.
4.2.1. Coutumes et croyances
Les coutumes et les croyances sont deux aspects mis en relief dans les œuvres littéraires, car la grande partie de la culture d'un pays est constituée selon les faits et les attitudes de son peuple. Bien que Le Rouge et le Noirprésente les comportements des gens au XIXe siècle, mais il faut remarquer que la plupart des coutumes et des pensées d'aujourd'hui, sont le fruit d'hier.
Du roman de Stendhal, on apprend que dans la société de XIXe siècle, à l'inverse de la société contemporaine française, le précepteur était « un bas emploi » (Stendhal, 2000:139) et il y avait trois métiers considérés comme les plus importants; « Quand il parlait à M. de Rénal de ses projets sur leurs enfants, dont il destinait l'un à l'épée, le seconde à la magistrature et le troisième à l'église » (Ibid.: 59). À cette époque l'église avait la plus grande valeur chez les gens.
Guillotiner et le duel étaient deux traditions fréquentes, qui apparaissent plusieurs fois dans le texte. Le formateur peut donner une petite explication sur ces mots; quand deux personnes aiment la même fille, ils se combattent ou autrement dit font un duel et celui qui emporte le combat, se mariera avec la fille. Pour sa part, Guillotiner était une manière d'exécuter les condamnés à mort.
Parmi les autres coutumes françaises évoquées dans ce roman, on peut donner l'exemple des habitudes alimentaires des gens les jours de fêtes importantes; « Les jours de grande fête, on donnait aux séminaristes, des saucisses avec la choucroute » (Ibid.: 264). Et une vielle tradition dans les adjudications, si bien qu'il y avait trois bougies dans la réunion et l'extinction de la troisième, informait la fin de l'adjudication; « L'adjudication du bail était annoncée pour le lendemain à deux heures, en la salle de la commune, à l'extinction du troisième feu » (Ibid.: 224).
Cette dimension culturelle est l'un des éléments les plus fréquents des œuvres littéraires ; la description précise de cérémonie du mariage de madame Bovary est un bon exemple de pratiques culturelles françaises que présente Flaubert;
« […] des conviés sur les poitrines bombaient comme deux cuirasses! Tout le monde était tondu à neuf, les oreilles s'écartaient des têtes, on était vasé de près. […] La cérémonie faite à l'église et après on allait à la ferme. […] La robe d'Emma trop longue, traînait un peu par le bras, avec les mains gantées. […] Il y avait dessus six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots et au milieu un joli cochon de lait rôti […], l'eau-de-vie dans des carafes, […] les grands plats de crème jaune » (Flaubert, 1972: 53-55).
4.2.2. Religion
La religion est l'un des éléments importants de la culture. Le Rouge et le Noir est plutôt un roman religieux; Julien Sorel, son héros, est un prêtre. Tout le long du roman, on trouve les traces de la religion. Il y a un grand nombre d'expressions et de mots religieux, telle la hiérarchie des rangs ecclésiastiques; Pape, curé, cardinal, évêque, vicaire, clergé et apôtre. Parmi ces rangs, Pape est le plus grand, considéré comme « le seconde Dieu » (Stendhal, 2000: 68) et « c'est lui seul qui peut essayer de paralyser l'examen personnel et par les pieuses pompes de cérémonie de sa cœur, faire impression sur l'esprit malade des gens du monde. » (Ibid.: 258-9) Le curé a aussi un rang très élevé si bien qu' « il a le droit de visiter à toute heure la prison, l'hôpital et même le dépôt de mendicité » (Ibid.: 53).
Trois sectes en Europe, le protestantisme, le jansénisme et le jésuitisme et les fêtes religieuses, la Fête-Dieu, le jour de Saint-Louis et le jour de mardi gras sont les autres éléments qui informent le lecteur sur la religion en France.
Le Rouge et le Noir présente plusieurs traditions religieuses courantes existant encore dans la société contemporaine française, telle « ma cuisinière, […] fait maigre le vendredi. » (Ibid.: 176) Les chrétiens pratiquants ne mangent pas de la viande, le vendredi et comme le poisson est une viande maigre, l'église permet aux catholiques d'en consommer le vendredi. Dans cette partie, après la présentation de cette croyance chrétienne, l'enseignant peut faire allusion au poisson d'avril et la tradition du premier avril et sa coïncidence éventuelle avec le vendredi, qui lui donne une valeur spéciale dans la société française.
Autre exemple peut être l'annonce de la messe qui est différente, le dimanche; « c'est un signal bien connu dans les villages de France […] qui annonce le commencement immédiate de la messe » (Ibid.: 591).
Donnons un autre exemple, les Misérables de Hugo; dans le sixième livre de ce roman, le Petit-Pictus, nous lisons une explication précise sur la situation dominante et les lois des couvents;
« La prieure est élue pour trois ans par les mères, qu'on appelle mères vocales parce qu'elles ont voix au chapitre. Une prieure ne peut être réélue que deux fois, ce qui fixe à neuf ans le plus long règne possible d'une prieure.
Elles ne voient jamais le prêtre officiant, qui leur est toujours caché par une serge tendue à sept pieds de haut. Au sermon, quand le prédicateur est dans la chapelle, elles baissent leur voile sur leur visage. Elles doivent toujours parler bas, marcher les yeux à terre et la tête inclinée » (Hugo, 1995: 622-623).
4.2.3. Lexiculture
Les proverbes et les champs sémantiques d'une langue étrangère sont les éléments essentiels constituant une langue, alors pour la meilleure maîtrise de la langue, l'apprenant doit acquérir ces éléments dans le contexte et non pas d'une façon isolée, car d'après Saussure, « la valeur de n'importe quel terme est déterminée par ce qui l'entoure. » (Saussure, 1972: 160) En d'autres termes, ce n'est pas seulement la dénotation d'un mot qui doit être enseignée, mais il faut aussi aborder la connotation, « liée étroitement au contexte social de la langue […] et sans elle, la connaissance du mot est incomplète. » (Starets, 2008: 98) Il faut donc préparer une situation textuelle convenable pour les apprenants dans les cours de langue, afin de leur apprendre la lexiculture ; le chef-d'œuvre de Stendhal est un ensemble lexical réuni autour d'une histoire fictive et inventée. Ensemble peut être catégorisé en trois parties; « les deux faits de langue, les idiotismes et la collocation » (Ibid.: 71) et les proverbes.
« L'idiotisme, c'est la forme ou la locution propre à une langue, impossible à traduire littéralement dans une autre langue » (Zucker, 2009-2010: 1). C'est un mot, un syntagme ou une erreur faite par un locuteur étranger selon les règles déjà apprises de sa langue maternelle. Autrement dit par l'idiotisme, on entend les expressions et les tournures spécifiques dont le sens n'est pas précisé mot à mot, mais il y a un sens subjectif, ainsi le manque de la connaissance culturelle de l'apprenant et surtout l'enseignant, peut entraîner de grandes lacunes dans le processus de la traduction et de graves erreurs de compréhension de texte;
« Mauvaise tête » (Stendhal, 2000: 49), « bouche béante » (Ibid.: 117), « M. Valenod tenait le dé. » (Ibid.: 200), « l'argent sec et liquide » (Ibid.: 265), « Elle portait aux nues le mérite de Julien. » (Ibid.: 535), « Je suis à dix degré au-dessus du courage. » (Ibid.: 602), etc.
Quant à la notion de collocation, il faut faire allusion aux mots avec leur propre verbe et aux verbes avec leur propre préposition; « Il sauta sur la promenade » (Ibid.: 56). « Ce monsieur regarde de travers » (Ibid.: 244). « Mademoiselle de La Mole promenait ses regards sur les jeunes française » (Ibid.: 396). « […] s'écria Julien hors de lui » (Ibid.: 620).
Dans une langue donnée, les proverbes assument une grande charge culturelle et les proverbes présentent chacun un récit de la culture, ayant racine dans l'histoire culturelle de la vie de la langue en question; « Il y a pourtant quelque chose là-dessus » (Stendhal, 2000: 65). « Soyez tout yeux et tout oreille » (Ibid.: 291). « Qui veut la fin, veut les moyens » (Ibid.: 404). « Il a réchauffé un serpent dans son sein » (Ibid.: 607).
Rappelons que la mémorisation de ces expressions et proverbes à travers une histoire et un contexte est bien sûr plus facile pour n'importe quel apprenant-lecteur. Ainsi les apprenants d'une langue étrangère pourraient plus facilement stocker en mémoire ces termes appris en contexte et en situation concrète, en faisant des rapprochements avec leur langue maternelle, considérés comme la didactique interculturelle, si le besoin est.
Presque toutes les œuvres littéraires sont considérées comme des corpus de l'expression et du vocabulaire littéraires, familiers, argotiques, etc. Certains écrivains insistent sur un élément langagier spécial, par exemple dans les Misérables, on rencontre l'argot des Thénardier, de Gavroche et ses amis; « Il parle à son calotin. Oh! Le capon! » (Hugo, 1995: 744). « Je suis joliment fort, va! » (Ibid.: 745).
De même dans les contes de Maupassant les apprenants peuvent se familiariser avec l'accent de la Normandie, etc.
Conclusion
Ce travail de recherche tente de préciser que l'apprentissage et l'enseignement des aspects culturels et linguistiques pourraient être un bon pour une meilleure connaissance d'une langue, en général. Cet enseignement/ apprentissage peut s'effectuer également à partir d'un texte littéraire. Ainsi les classes de langue et la lecture littéraire sont une occasion pour l'apprenant de connaître et d'acquérir la langue, en même temps que les aspects culturels. L’acquisition de la culture étrangère montre que l'apprentissage d'une langue ne se limite pas à l’apprentissage des règles de grammaire ou de phrases, le contexte et les aspects sociologiques influencent de l’application de la grammaire et du système lexical de la langue. La théorie de Galisson, appliquée aux romans, montre que les textes littéraires contiennent des éléments culturels essentiels, facilitant l'apprentissage de FLE chez les apprenants-lecteurs du niveau avancé.
De cette théorie sont issues les catégories de la culture-vision et de la culture-action. Elles-mêmes divisées en d'autres sous-catégories fréquemment présentes dans les chefs-d'œuvre. Les informations anthropologique, géographique, littéraire, historique, religieuse et beaucoup de dictons et d'expressions sont les savoirs que l'apprenant peut acquérir à travers la lecture des œuvres littéraires. La concordance entre les aspects culturels préconisés par Galisson et les différents éléments culturels apparus à travers Le Rouge et le Noir et d’autres romans, nous conduit à conclure qu'un texte littéraire est un moyen qui peut être présenté aux apprenants de langue, ici les apprenants iraniens, afin d'améliorer leur compétence culturelle et langagière. Dans cette recherche le roman stendhalien est proposé comme un manuel culturel pour les niveaux supérieurs.
L'étude effectuée sur huit étudiants en quatrième semestre de licence de langue et littérature françaises de l'université d'Ispahan, en Iran, prouvent effectivement que ce genre de lecture en classe ou hors classe, voire même en auto-apprentissage, conviennent particulièrement à l'apprentissage de la langue et en particulier la culture.